À la une de l'Antivol

Publication de L’Antivol-papier n° 16, octobre-décembre 2024

Par la Rédaction

Nous avons le plaisir de vous annoncer que le nouveau numéro de L’Antivol-papier, correspondant au quatrième trimestre 2024, vient de paraître. Il est toujours gratuit et contient des articles qui, nous l’espérons, vous intéresseront autant que les précédents.

Vous pouvez le trouver à Tours :

  • au bar « Le Serpent Volant », 54 rue du Grand Marché
  • à la librairie « Le Livre », 24 place du Grand Marché
  • à la librairie « Bédélire », 81 rue du Commerce
  • à la librairie « Lire au Jardin », 5 rue de Constantine
  • au bar « Les Colettes », 57 quai Paul Bert

Le plus simple est de le demander à l’accueil de ces établissements, aussi aimables qu’essentiels.

Par ailleurs, nous poursuivons la création de notre réseau de diffusion à vocation nationale.

Certains de nos membres ou lecteurs, ailleurs qu’à Tours, ont bien voulu en recevoir – nous prenons en charge les frais postaux – et se chargent de le distribuer autour d’eux.

On peut aussi le trouver à Paris, à la librairie « Quilombo », 23 rue Voltaire 75011, à Saint-Nazaire à la librairie « L’Oiseau Tempête » 20bis rue de la Paix. Dans les Deux-Sèvres La Boisselière (79310 Vouhé), dans l’Isère L’atelier paysan (ZA des Papeteries 38140 Renage), dans le Tarn les éditions La Lenteur (Le Batz 81140 Saint-Michel-de-Vax), dans le Maine-et-Loire l’Université populaire du Saumurois (12 rue de la Tonnelle 49400 Saumur) ont également accepté de faire partie du réseau de distribution. Ce dont nous les remercions tous vivement.

Et nous sommes bien sûr preneurs d’autres bonnes volontés…

Pour nous en faire part, nous communiquer vos réactions à la lecture du journal, nous proposer, comme pour le blog, vos propres contributions, merci d’écrire à lantivol37@gmail.com

À bientôt donc et que vive la presse écrite, réellement libre et radicale…

La Rédaction

PS Pour télécharger les précédents numéros :
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Six chansons, trois langues et un même cœur révolté…

Par La Rédaction

On ne sait jamais exactement ce qui décide d’entrer en révolte contre l’ordre existant, parfois rien qu’une chanson. D’où notre idée de leur accorder une place de choix au sein de notre « Médiathèque radicale », qu’elles appartiennent au répertoire classique des chants révolutionnaires ou non. Dans cet article, L’Antivol vous propose d’en écouter ou réécouter six, venues de France, d’Espagne, des États-Unis ou du Canada. D’époque différente, abordant des sujets variés et essentiels, elles ont en commun de parler autant à notre esprit qu’à notre cœur et de nous emporter, chacune à sa façon, sur les chemins de la lucidité et de la désobéissance.

  1. « Les Assis », chanté par Léo Ferré
  2. Ce poème de Rimbaud, un peu moins connu que d’autres et consacré aux ronds-de-cuir de la fin du XIXe, reste l’une des plus justes et vibrantes critiques de la bureaucratie. De l’État, du Marché ou de l’État et du Marché. L’interprétation de Ferré, dans « Verlaine et Rimbaud, chantés par Léo Ferré » est magistrale, de même que tous les autres poèmes chantés dans ce double album de 1964.

    « Les Assis », chanté par Léo Ferré
    Les Assis, 1871

    Noirs de loupes, grêlés, les yeux cerclés de bagues
    Vertes, leurs doigts boulus crispés à leurs fémurs,
    Le sinciput plaqué de hargnosités vagues
    Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ;

    Ils ont greffé dans des amours épileptiques
    Leur fantasque ossature aux grands squelettes noirs
    De leurs chaises ; leurs pieds aux barreaux rachitiques
    S'entrelacent pour les matins et pour les soirs !

    Ces vieillards ont toujours fait tresse avec leurs sièges,
    Sentant les soleils vifs percaliser leur peau,
    Ou, les yeux à la vitre où se fanent les neiges,
    Tremblant du tremblement douloureux du crapaud.

    Et les Sièges leur ont des bontés : culottée
    De brun, la paille cède aux angles de leurs reins ;
    L'âme des vieux soleils s'allume, emmaillotée
    Dans ces tresses d'épis où fermentaient les grains.

    Et les Assis, genoux aux dents, verts pianistes,
    Les dix doigts sous leur siège aux rumeurs de tambour,
    S'écoutent clapoter des barcarolles tristes,
    Et leurs caboches vont dans des roulis d'amour.

    — Oh ! ne les faites pas lever ! C'est le naufrage...
    Ils surgissent, grondant comme des chats giflés,
    Ouvrant lentement leurs omoplates, ô rage !
    Tout leur pantalon bouffe à leurs reins boursouflés.

    Et vous les écoutez, cognant leurs têtes chauves,
    Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors,
    Et leurs boutons d’habit sont des prunelles fauves
    Qui vous accrochent l’œil du fond des corridors !

    Puis ils ont une main invisible qui tue :
    Au retour, leur regard filtre ce venin noir
    Qui charge l’œil souffrant de la chienne battue,
    Et vous suez, pris dans un atroce entonnoir.

    Rassis, les poings noyés dans des manchettes sales,
    Ils songent à ceux-là qui les ont fait lever
    Et, de l’aurore au soir, des grappes d’amygdales
    Sous leurs mentons chétifs s’agitent à crever.

    Quand l’austère sommeil a baissé leurs visières,
    Ils rêvent sur leur bras de sièges fécondés,
    De vrais petits amours de chaises en lisière
    Par lesquelles de fiers bureaux seront bordés ;

    Des fleurs d’encre crachant des pollens en virgule
    Les bercent, le long des calices accroupis
    Tels qu’au fil des glaïeuls le vol des libellules
    — Et leur membre s'agace à des barbes d'épis.
  3. « Masters of War », par Bob Dylan
  4. Un an plus tôt, en 1963, Bob Dylan s’adresse aux marchands d’armes, au complexe militaro-industriel dans son album « The Freewheellin’ ». De « Masters of War », il dit alors qu’il s’agit d’une « sorte de coup de poing, de réaction à la goutte d’eau qui fait tout déborder, un sentiment de ce que vous pouvez faire ? ». On appréciera, près d’un demi-siècle plus tard, le point d’interrogation. Et le dernier couplet qui, jugé à tort comme trop violent, disparut de certaines reprises…

    https://www.youtube.com/watch?v=JEmI_FT4YHU

    « Masters of War », par Bob Dylan
    Masters of War, 1963
    Come you masters of war
    You that build all the guns
    You that build the death planes
    You that build the big bombs
    You that hide behind walls
    You that hide behind desks
    I just want you to know
    I can see through your masks
    You that never done nothin’
    But build to destroy
    You play with my world
    Like it’s your little toy
    You put a gun in my hand
    And you hide from my eyes
    And you turn and run farther
    When the fast bullets fly
    Like Judas of old
    You lie and deceive
    A world war can be won
    You want me to believe
    But I see through your eyes
    And I see through your brain
    Like I see through the water
    That runs down my drain
    You fasten the triggers
    For the others to fire
    Then you set back and watch
    When the death count gets higher
    You hide in your mansion
    While the young people’s blood
    Flows out of their bodies
    And is buried in the mud
    You’ve thrown the worst fear
    That can ever be hurled
    Fear to bring children
    Into the world
    For threatening my baby
    Unborn and unnamed
    You ain’t worth the blood
    That runs in your veins
    How much do I know
    To talk out of turn
    You might say that I’m young
    You might say I’m unlearned
    But there’s one thing I know
    Though I’m younger than you
    Even Jesus would never
    Forgive what you do
    Let me ask you one question
    Is your money that good
    Will it buy you forgiveness
    Do you think that it could
    I think you will find
    When your death takes its toll
    All the money you made
    Will never buy back your soul
    And I hope that you die
    And your death’ll come soon
    I will follow your casket
    In the pale afternoon
    And I’ll watch while you’re lowered
    Down to your deathbed
    And I’ll stand over your grave
    ’Til I’m sure that you’re dead
    Traduction française - Maîtres de Guerre
    Venez vous maîtres de guerre
    Vous qui fabriquez toutes les armes
    Vous qui fabriquez les avions de mort
    Vous qui fabriquez les énormes bombes
    Vous qui vous cachez derrière des murs
    Vous qui vous cachez derrière des bureaux
    Je veux seulement que vous sachiez
    Que je vois clair à travers vos masques
    Vous qui n’avez jamais rien fait
    Que construire pour détruire
    Vous qui jouez avec mon monde
    Comme si c’était votre petit jouet
    Vous me mettez une arme dans la main
    Et vous vous cachez de mes yeux
    Et vous vous retournez et courez plus loin
    Quand les balles se mettent à fuser
    Tel Judas d'autrefois
    Vous mentez et trompez
    Une guerre mondiale peut être gagnée
    Vous voulez me faire croire
    Mais je vois à travers vos yeux
    Et je vois à travers vos cerveaux
    Comme je vois à travers l’eau
    Qui court dans mes égouts
    Vous armez les gâchettes
    Pour que ce soit aux autres de tirer
    Puis vous vous mettez en retrait et regardez
    Quand le décompte des morts augmente
    Vous vous cachez dans vos manoirs
    Tandis que le sang des jeunes gens
    S’écoule hors de leurs corps
    Et reste enterré dans la boue
    Vous avez répandu la pire peur
    Qui puisse jamais nous accabler
    La peur de faire naître des enfants
    Dans ce monde
    Pour avoir menacé mon bébé
    Ni encore né ni nommé
    Vous ne valez pas le sang
    Qui court dans vos veines
    Qu’est-ce que j’en sais
    Pour parler à tort et à travers
    Vous pourriez dire que je suis jeune
    Vous pourriez dire que je ne suis pas instruit
    Mais s’il y a bien une chose que je sais
    Bien qu’étant plus jeune que vous
    C'est que jamais même Jésus
    Ne vous pardonnerait ce que vous faites
    Laissez-moi vous poser une question
    Votre argent est-il si bon
    Qu’il achètera votre pardon
    Pensez-vous qu’il le puisse
    Je pense que vous verrez
    Quand la mort frappera à votre porte
    Que tout l’argent que vous avez amassé
    Jamais ne rachètera votre âme
    Et j’espère que vous mourrez
    Et que votre mort viendra bientôt
    Je serai là suivant votre cercueil
    Par un blême après-midi
    Et je veillerai à ce que vous soyez enfoui
    Bien au fond de votre lit de mort
    Et je me tiendrai debout sur votre tombe
    Jusqu'à ce que je sois certain que vous êtes mort.
  5. « A galopar », chanté par Paco Ibáñez
  6. En 1969, alors en exil, Paco Ibáñez met en musique et interprète le poème de 1938 « Galope » de Rafael Alberti, l’un des poètes du groupe « Génération de 27 » auquel appartint aussi Federico García Lorca. « A galopar », premier titre de l’album « La poésie espagnole de nos jours et toujours (vol. 3) », devint le symbole de la lutte du peuple espagnol contre la dictature franquiste. Et un hymne, intemporel, inoubliable, à la résistance et à la liberté. À écouter par deux fois : en 1971, lors d’un passage de Paco Ibáñez à la télévision française, et en 1993, au cours d’un concert à Barcelone.
    « A galopar », chanté par Paco Ibáñez
    A galopar, 1969
    Las tierras, las tierras, las tierras de España,
    Las grandes, las solas, desiertas llanuras.
    Galopa, caballo cuatralbo,
    Jinete del pueblo,
    Que la tierra es tuya*.
    ¡A galopar,
    A galopar,
    Hasta enterrarlos en el mar!
    A corazón suenan, resuenan, resuenan
    Las tierras de España, en las herraduras.
    Galopa, caballo cuatralbo,
    Jinete del pueblo,
    Que la tierra es tuya**.
    ¡A galopar,
    A galopar,
    Hasta enterrarlos en el mar!
    Nadie, nadie, nadie, que enfrente no hay nadie;
    Que es nadie la muerte si va en tu montura.
    Galopa, caballo cuatralbo,
    Jinete del pueblo,
    Que la tierra es tuya.
    ¡A galopar,
    A galopar,
    Hasta enterrarlos en el mar!
    Traduction française – Au grand galop
    Les terres, les terres, les terres d’Espagne,
    Immenses et rases, les plaines désertes.
    Galope, cheval balzan
    Cavalier du peuple
    Car la terre est tienne*.
    Au grand galop,
    Au grand galop,
    Jusqu’à les ensevelir dans la mer !
    Comme un cœur qui bat sonnent et résonnent
    Les terres d’Espagne sous les quatre fers.
    Galope, cheval balzan
    Cavalier du peuple
    Car la terre est tienne**.
    Au grand galop,
    au grand galop,
    Jusqu’à les ensevelir dans la mer !
    Personne, personne, en face personne
    La mort n’est personne si elle monte en croupe
    Galope, cheval balzan
    Cavalier du peuple
    Car la terre est tienne.
    Au grand galop,
    au grand galop,
    Jusqu’à les ensevelir dans la mer !

    * Dans le texte original d’Alberti : « Al sol y a la luna. » [Au soleil et au clair de lune.]
    ** Dans le texte original d’Alberti : « Galopa, jinete del pueblo, caballo cuatralbo, caballo de espuma. » [Galope, cavalier du peuple, cheval balzan, cheval d’écume.]

    Autre version enregistrée en 1993.

  7. « Born in the USA », par Bruce Springsteen
  8. Cette chanson, l’une sinon la plus célèbre du « Boss », est à la fois une dénonciation de l’intervention américaine au Vietnam et du rejet, des injustices qu’endurèrent les soldats à leur retour au pays. Son titre lui valut maintes méprises ou, pire encore, d’être instrumentalisée par le Parti républicain à des fins électorales. Par deux fois : en 1984 par Ronald Reagan, en 1988 par George H. W. Bush. De telle sorte qu’après sa première sortie en 1984, Bruce Springsteen refusa longtemps de la chanter et en livra une version acoustique afin qu’on écoute bien les paroles. Les deux versions, rock et acoustique, sont à votre disposition. Avec l’intensité qu’il sait toujours donner à ses textes.
    « Born in the USA », par Bruce Springsteen
    Born in the U.S.A., 1984
    Born down in a dead man's town
    The first kick I took was when I hit the ground
    End up like a dog that's been beat too much
    'Til you spend half your life just coverin' up, now
    Born in the U.S.A.
    I was born in the U.S.A.
    I was born in the U.S.A.
    Born in the U.S.A., now
    Got in a little hometown jam
    So they put a rifle in my hand
    Send me off to a foreign land
    To go and kill the yellow man
    Born in the U.S.A.
    I was born in the U.S.A.
    Born in the U.S.A.
    I was born in the U.S.A.
    Born in the U.S.A.
    Come back home to the refinery
    Hiring man says, "son, if it was up to me"
    Went down to see my V.A. man
    He said, "son, don't you understand, now?"
    I had a brother at Khe Sanh, fighting off the Vietcong
    They're still there, he's all gone
    He had a woman he loved in Saigon
    I got a picture of him in her arms, now
    Down in the shadow of the penitentiary
    Out by the gas fires of the refinery
    I'm ten years burning down the road
    Nowhere to run, ain't got nowhere to go
    Born in the U.S.A.
    I was born in the U.S.A., now
    Born in the U.S.A.
    I'm a long gone daddy in the U.S.A., now
    Born in the U.S.A.
    Born in the U.S.A.
    Born in the U.S.A.
    I'm a cool rocking daddy in the U.S.A., now
    Traduction française - Né aux Etats-Unis
    Né dans la ville d'un homme mort
    Le premier coup que j'ai pris c'est quand j'ai touché le sol
    Tu finis comme un chien qu'on a trop battu
    Jusqu'à ce que tu passes la moitié de ta vie rien qu’à le cacher, maintenant
    Né aux Etats-Unis
    Je suis né aux Etats-Unis
    Je suis né aux Etats-Unis
    Né aux Etats-Unis, maintenant
    J’ai eu une petite embrouille dans ma ville natale
    Alors ils m'ont collé un fusil entre les mains
    M'ont envoyé dans un pays étranger
    Pour aller tuer l'homme jaune
    Né aux Etats-Unis
    Je suis né aux Etats-Unis
    Né aux Etats-Unis
    Je suis né aux Etats-Unis
    Né aux Etats-Unis
    De retour chez moi à la raffinerie,
    Le chef du personnel m’a dit, "si ça dépendait de moi, fiston"
    Je suis descendu voir le mec des Anciens Combattants
    Il m'a dit "fiston, ne comprends-tu pas, maintenant?"
    J'avais un frère à Khe Sahn, il se battait contre les Vietcong
    Ils sont toujours là, lui est bel et bien parti
    Il avait une femme qu'il aimait à Saïgon
    J'ai une photo de lui dans ses bras, maintenant
    Dans l'ombre du pénitencier
    Dehors, à côté des feux d'essence de la raffinerie
    Cela fait dix ans que je crame sur la route
    Je n'ai nulle part où fuir, nulle part où aller
    Né aux Etats-Unis
    Je suis né aux Etats-Unis, maintenant
    Né aux Etats-Unis
    Je suis un papa mort depuis longtemps aux Etats-Unis, maintenant
    Né aux Etats-Unis
    Né aux Etats-Unis
    Né aux Etats-Unis
    Je suis un papa rockeur et cool aux Etats-Unis, maintenant

    Autre version acoustique.

  9. « The Mercy seat », par Johnny Cash
  10. En 2000, trois ans avant sa disparition, Johnny Cash, engagé depuis les années 50 dans la défense des prisonniers, sort l’album « American III : Solitary Man » où il interprète « The Mercy Seat », une reprise d’une chanson de Nick Cave (paroles et musique) et Mick Harvey (musique), sortie en 1988. On y suit les pensées d’un détenu avant son exécution sur la chaise électrique, dans l’un des plus terribles témoignages et plaidoyers contre la peine de mort. Venu, paradoxalement, d’un chanteur qui n’a jamais caché ses opinions républicaines, démontrant par là même que l’histoire de la révolte a quelquefois ses ruses que la « raison » ignore…
    « The Mercy seat », par Johnny Cash
    The Mercy Seat, 2000
    It all began when they took me from my home
    And put me on Death Row
    A crime for which I'm totally innocent, you know
    I began to warm and chill
    To objects and their fields
    A ragged cup, a twisted mop
    The face of Jesus in my soup
    Those sinister dinner deals
    The meal trolley's wicked wheels
    A hooked bone rising from my food
    And all things either good or ungood
    And the mercy seat is waiting
    And I think my head is burning
    And in a way I'm yearning
    To be done with all this weighing of the truth
    An eye for an eye
    And a tooth for a tooth
    And, anyway, I told the truth
    And I'm not afraid to die.
    I hear stories from the chamber
    Christ was born into a manger
    And like some ragged stranger
    He died upon the cross
    Might I say it seems so fitting in its way
    He was a carpenter by trade
    Or at least that's what I'm told
    My killed hands tattooed E.V.I.L.
    Across it's brother's fist
    That filthy five!
    They did nothing to challenge or resist
    In Heaven His throne is made of gold
    The ark of His Testament is stowed
    A throne from which I'm told
    All history does unfold
    It's made of wood and wire
    And my body is on fire
    And God is never far away
    Into the mercy seat I climb
    My head is shaved, my head is wired
    And like a moth that tries
    To enter the bright eye
    I go shuffling out of life
    Just to hide in death awhile
    And, anyway, I never lied
    And the mercy seat is waiting
    And I think my head is burning
    And in a way I'm yearning
    To be done with all this weighing of the truth
    An eye for an eye
    And a tooth for a tooth
    And, anyway, I told the truth
    And I'm not afraid to die.
    And the mercy seat is burning
    And I think my head is glowing
    And in a way I'm hoping
    To be done with all this twistin' of the truth
    An eye for an eye
    And a tooth for a tooth
    And, anyway, there was no proof
    And I'm not afraid to die
    And the mercy seat is glowing
    And I think my head is smokin'
    And in a way I'm hoping
    To be done with all these looks of disbelief.
    A life for a life
    And a truth for a truth
    And I've got nothing left to lose
    And I'm not afraid to die
    And the mercy seat is smokin'
    And I think my head is melting
    And in a way that's helping
    To be done with all this twistin' of the truth
    An eye for an eye
    And a truth for a truth
    And, anyway, I told the truth
    But I'm afraid I told a lie.
    Traduction française - Le Propitiatoire*
    Tout a commencé quand ils m'ont sorti de chez moi
    Et m'ont mis dans le Couloir de la Mort
    Un crime dont je suis totalement innocent, vous savez
    J'ai commencé à me réchauffer et à me refroidir
    Aux objets et à leurs champs,
    Une tasse fêlée, une serpillière tordue
    Le visage de Jésus dans ma soupe
    Ces sinistres trafics de dîner
    Les roues sales du chariot de repas
    Un os crochu jaillissant de ma nourriture
    Et toutes les choses, bonnes ou mauvaises.
    Et le propitiatoire attend
    Et je pense que ma tête brûle
    Et d'une certaine manière j'aspire
    A en finir avec toute cette pesée de la vérité.
    Œil pour œil
    Et dent pour dent
    Et, de toute façon, j'ai dit la vérité
    Et je n'ai pas peur de mourir
    J'entends des histoires de la chambre
    Christ est né dans une crèche
    Et tel un étranger en haillons
    Il est mort sur la croix
    Puis-je dire que cela semble tellement à sa façon
    Il était un charpentier de métier
    Ou du moins c'est ce qu'on m'a dit
    Mes mains tuées tatouées du Diable
    A travers le poing de son frère
    Ces cinq doigts-là, si répugnants!
    Ils n'ont rien fait pour s’opposer ou résister
    Au Paradis, Son trône est fait d’or
    L'arche de Son testament est rangée
    Un trône dont on me dit que
    Toute l'histoire déroule
    Il est fait de bois et de fil de fer
    Et mon corps est sur le feu
    Et Dieu n'est jamais loin
    Dans le propitiatoire je monte
    Ma tête est rasée, ma tête est branchée
    Et comme un papillon de nuit qui essaie
    D’entrer dans l'œil brillant,
    Je me retire de la vie
    Juste pour me cacher dans la mort un moment
    Et, de toute façon, je n'ai jamais menti
    Et le propitiatoire attend
    Et je pense que ma tête brûle
    Et d'une certaine manière j'aspire
    A en finir avec toute cette pesée de la vérité
    Œil pour œil
    Et dent pour dent
    Et, de toute façon, j'ai dit la vérité
    Et je n'ai pas peur de mourir
    Et le propitiatoire brûle
    Et je pense que ma tête brille
    Et d'une certaine manière j'espère
    En finir avec toute cette torsion de la vérité
    Œil pour œil
    Et dent pour dent
    Et, de toute façon, il n'y avait pas de preuve
    Et je n'ai pas peur de mourir
    Et le propitiatoire brille
    Et je pense que ma tête fume
    Et d'une certaine manière j'espère
    En finir avec tous ces regards incrédules
    Une vie pour une vie
    Et une vérité pour une vérité
    Et je n'ai plus rien à perdre
    Et je n’ai pas peur de mourir
    Et le propitiatoire fume
    Et je pense que ma tête fond
    Et d'une certaine manière cela aide
    A en finir avec cette torsion de la vérité
    Œil pour œil
    Et dent pour dent
    Et, de toute façon, j'ai dit la vérité
    Mais j'ai peur d'avoir menti

    * Ce titre, régulièrement utilisé dans les traductions, fait écho aux sens multiples religieux ou profanes de la chanson : le sacrifice aux dieux, le trône doré de Dieu ou Dieu lui-même, le siège de la pitié ou de la miséricorde et, évidemment, la chaise électrique.

  11. « The partisan », par Leonard Cohen
  12. Comment, enfin, ne pas (ré)écouter l’hommage de Leonard Cohen à la Résistance française, extraite de son album « Songs from a Room », sorti en 1969 ? Il s’agit d’une adaptation de « La Complainte du Partisan », écrite à Londres en 1943 par Emmanuel d’Astier de la Vigerie et mise alors en musique par Anna Marly, puis traduite en anglais par le parolier et compositeur Hy Zaret. Dans cette adaptation, le poète et chanteur canadien mêle les deux langues, anglais et français, comme pour mieux donner à cet ode à la résistance et à la liberté son caractère universel, et il inverse aussi le sens des dernières paroles du texte originel. Au lieu de « La liberté reviendra/On nous oubliera/Nous rentrerons dans l’ombre », il écrit « Freedom soon will come/Then we’ll come from shadow » [« La liberté viendra bientôt/Alors nous sortirons de l’ombre »].
    « The partisan », par Leonard Cohen
    The Partisan, 1969
    When they poured across the border
    I was cautioned to surrender
    This I could not do
    I took my gun and vanished
    I have changed my name so often
    I've lost my wife and children
    But I have many friends
    And some of them are with me
    An old woman gave us shelter
    Kept us hidden in the garret
    Then the soldiers came
    She died without a whisper
    There were three of us this morning
    I'm the only one this evening
    But I must go on
    The frontiers are my prison
    Oh, the wind, the wind is blowing
    Through the graves the wind is blowing
    Freedom soon will come
    Then we'll come from the shadow
    Les Allemands étaient chez moi
    Ils me disent, "signe-toi"
    Mais je n'ai pas peur
    J'ai repris mon arme
    J'ai changé cent fois de nom
    J'ai perdu femme et enfants
    Mais j'ai tant d'amis
    J'ai la France entière
    Un vieil homme dans un grenier
    Pour la nuit nous a cachés
    Les Allemands l'ont pris
    Il est mort sans surprise
    Oh, the wind, the wind is blowing
    Through the graves the wind is blowing
    Freedom soon will come
    Then we'll come from the shadow
    Traduction française - Le Partisan
    Lorsqu’ils ont franchi la frontière
    Je fus sommé de me rendre
    Ça je ne le pouvais pas
    J'ai pris mon arme et j'ai disparu
    J'ai changé si souvent de nom
    J'ai perdu femme et enfants
    Mais j'ai tant d'amis
    Et certains d’entre eux sont avec moi
    Une vieille femme nous a accueillis
    Nous a gardés cachés dans le grenier
    Puis les soldats sont venus
    Elle est morte sans un soupir
    Nous étions trois ce matin
    Je suis le seul ce soir
    Mais je dois continuer
    Les frontières sont ma prison
    Oh, le vent, le vent souffle
    A travers les tombes le vent souffle
    La liberté viendra bientôt
    Alors nous sortirons de l'ombre
    Les Allemands étaient chez moi
    Ils me disent, "signe-toi"
    Mais je n'ai pas peur
    J'ai repris mon arme
    J'ai changé cent fois de nom
    J'ai perdu femme et enfants
    Mais j'ai tant d'amis
    J'ai la France entière
    Un vieil homme dans un grenier
    Pour la nuit nous a cachés
    Les Allemands l'ont pris
    Il est mort sans surprise
    Oh, the wind, the wind is blowing
    Through the graves the wind is blowing
    Freedom soon will come
    Then we'll come from the shadow

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