Avec une bêche à l’épaule, avec à la lèvre un doux chant
Avec à la lèvre un doux chant, avec à l’âme un grand courage
Il s’en allait trimer aux champs
Pauvre Martin, pauvre misère,
Creuse la terre, creuse le temps !
Pour gagner le pain de sa vie,
De l’aurore jusqu’au couchant,
De l’aurore jusqu’au couchant,
Il s’en allait bêcher la terre en tous les lieux, par tous les temps.
Pauvre Martin, pauvre misère,
Creuse la terre, creuse le temps !
Sans laisser voir sur son visage
Ni l’air jaloux ni l’air méchant,
Ni l’air jaloux ni l’air méchant
Il retournait le champ des autres
Toujours bêchant, toujours bêchant !
Pauvre Martin, pauvre misère,
Creuse la terre, creuse le temps !
Pauvre Martin, pauvre forçat
Qui du temps de Georges louait tes bras
Avant que l’histoire ne t’efface
Qu’elle mette une machine à ta place
Et les fermiers qui t’employaient
Sont devenus des exploitants
Qu’on force à sacrifier la terre, les bêtes et l’honneur paysan…
Au rendement.
Pauvre Martin, pauvre misère,
Crève la terre, crève la terre
Et crèvent les martins d’aujourd’hui
Martyrs de la bureaucratie
À coups de normes industrielles condamner les petites fermes
Et qui nous restera alors
Pour nous remettre à notre place
Avant que l’argent nous dévore, nous réapprendre à aimer regarder le temps…
En face.
Pauvre de ceux partis en guerre
Contre le temps contre la terre
Et les paysans
Et quand il n’a plus su pourquoi
Il allait labourer ses champs
Il allait labourer ses champs
Il creusa lui-même sa tombe,
En faisant vite, en se cachant…
Il creusa lui-même sa tombe,
En faisant vite, en se cachant
Et s’y étendit sans rien dire,
Dans nos silences indifférents
Pauvre de ceux partis en guerre contre le temps, contre la terre,
Pauvre Martin, pauvre misère,
Crève la terre
Crève la terre
Crève la terre
Et les paysans.