Quand Bayou franchit le Rubicon
À la fin du mois d’avril, Europe-Écologie-Les Verts (EELV) a fait circuler sur les réseaux sociaux un visuel destiné à inciter les jeunes franciliens à « voter pour le climat » lors des régionales de fin juin. Tout en nuances, l’outil de communication donnait à voir, d’un côté, deux « chasseurs qui, eux, ont prévu d’aller voter », et de l’autre, quelques vieux « boomers », disposés à faire de même. Face au tollé médiatique que suscita tant d’indélicatesse, de jeunisme – et pour tout dire de stupidité ! –, Julien Bayou, le secrétaire national d’EELV, dut en moins de 48 heures remballer ses tweets, ses posts et présenter ses excuses publiques, se cachant derrière une « erreur », une « maladresse ».
L’affaire aurait pu en rester là, mais c’était sans compter l’intervention de l’ami Georges qui, ressuscité, ragaillardi par tant de c…, reprit sa guitare et réentonna l’inoubliable refrain. Avec quelques modifications : « Le temps ne fait rien à l’affaire, Quand on est con, on est con !, Qu’on soit vert, qu’on soit grand-père, Quand on est con, on est con !, Vieux cons des neiges d’antan, petits cons du dernier réchauffement climatique, le temps ne fait rien à l’affaire ».
Quand Fournier franchit la barrière des espèces
Dans la région Centre-Val de Loire, l’EELV Charles Fournier, tête de liste d’« Un nouveau souffle » n’a pas, lui, suscité la moindre polémique quand il a voulu, entouré de sa kyrielle d’amis (LFI, Génération.s, Génération Écologie, Nouvelle Donne, Ensemble, etc.), faire parler les plantes et les animaux ! Eh oui, c’est ainsi ! Le samedi 27 mars, à Rochecorbon, ils étaient là en début d’après-midi réunis « pour écouter des animaux et des plantes du bord de Loire qui voulaient s’exprimer et revendiquer leurs droits et qui l’ont fait à travers la parole d’humains qui ont traduit ce qu’ils avaient à dire ». Il s’agissait ainsi de mettre « plus de mixité » dans les réunions, de « revendiquer », après discussion « entre communautés de castors », la création « d’un animal totémique », de « rajouter » à leur projet, déjà écrit à 600 citoyens, 1200 mains, « des sangliers, des sternes, des chênes… ». Au terme de l’après-midi, c’est juré, ils avaient toujours l’air d’humains contents de soi et d’aucuns se prenaient même pour des bêtes électorales…
Du cumul et des causes de l’abstention
On dit souvent des plantes ou des animaux qu’ils sont « voraces ». Certains humains le sont tout autant, spécialement en période électorale où, quelle que soit l’étiquette, les « sans poste encore », les « déjà petits cumulards » ou les « grosses casquettes » se pressent au portillon. Rien qu’en Centre-Val de Loire on a fin juin, tant aux régionales qu’aux départementales, l’embarrras du choix ! D’où, forcément, une « brève » qui n’en est hélas pas une…
Parmi les « grosses casquettes » – ou « longues dents » si l’on préfère –, on trouve notamment les socialistes et apparentés François Bonneau, Jean-Patrick Gille, Cathy Munch-Massé ou Wilfried Schwartz, les EELV Benoît Faucheux ou Charles Fournier, le LREM-Modem Marc Fesneau, la droite LR ou similaire avec Frédéric Augis, Céline Ballesteros ou Jean-Gérard Paumier. Carriéristes, prêts à toutes les manœuvres électorales par habitude ou « réalisme », insatiables du fauteuil présidentiel comme du moindre strapontin « utile », ils ont fait leur le commandement d’Orwell : « tous les animaux [politiques] sont égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres. » Et ils ont un autre trait commun : ils sont ennuyeux, ennuyeux, autant que celles et ceux qui, bien qu'en nombre toujours décroissant, s’évertuent à les croire et à les élire.
Chez les « déjà petits cumulards », la liste, bien que non exhaustive, est pourtant fournie. On y compte, dans l’Indre-et-Loire, un bon nombre de nouveaux élus de Tours ou/et de la Métropole lors des dernières municipales, tels que Franck Gagnaire (PS), Betsabée Has (EELV), Iman Manzari (PS) ou Bertrand Renaud (LFI), mais également du côté de Bléré le LR Vincent Louault. Dans d’autres départements, comme le Cher, le Loir-et-Cher ou l’Eure-et-Loir, Reda Belkadi (LFI) Djamila Kaoues (EELV), Thibault Lhonneur (LFI), Céline Milleroux (LFI), Aleksandar Nikolic (RN) ne semblent pas non plus se satisfaire de leurs premiers appétits. Quoique leurs journées soient déjà bien occupées – ou devraient l’être – la plupart d’entre eux ont jeté au compost leurs promesses, idéaux anti-cumuls d’hier et, à bonne école des « longues dents », ils s’adonnent désormais à la tactique du tremplin : un poste en appelle un autre, qui lui-même... Cultivant l’illusion autant que le calcul (mieux vaut des indemnités accumulées que de modestes ou incertains revenus professionnels), ils ont en partage un sourire difficile à définir : béat ou carnassier.
Quant aux derniers, les « sans poste encore », deux exemples de candidats à la Région, présents en Indre-et-Loire, suffiront bien. L’un est le critique gastronomique, Périco Légasse, qui n’aime pas seulement les plateaux-télé, LCI, TV Tours ou la rédaction de Marianne : il sait aussi, tout en s’opposant à l’agrobusiness, flatter la gloriole du ministre de l’agriculture Julien de Normandie et mener, dans le 37, la prochaine liste LREM-Modem du susvisé Marc Fesneau. L’autre est Frédéric Nobileau, qui apprécie également la cuisine… électorale. Il a préféré, après un passage au Parti de Gauche, à La France Insoumise, à C’est au Tour(s) du Peuple et sans doute quelque tentation EELV, se présenter en tant que « citoyen » sur la liste de celui qui franchit la barrière des espèces, le susvisé et accueillant Charles Fournier.
Un « tout à l’ego » d’époque
S’il était connu du Canard enchaîné, le riant volatile lui décernerait à coup sûr l’une de ses noix d’honneur. Candidat LFI sur la liste de Charles Fournier, Thibault Lhonneur illustre en effet jusqu’à la caricature ce qu’est un « déjà petit cumulard », tout à la fois moderne, carriériste et vaniteux. La façon dont il se présente sur son compte twitter en donne un premier aperçu : « Elu LFI à Vierzon – Directeur de Fakir – Producteur des films de François Ruffin – Supporters des Girondins – Drapeau pirate sous les draps ». Ce vantard est aussi un adepte du « qui loue tout » – une alternative insoumise au consumérisme capitaliste ! – qui lui a valu en janvier 2021 les « honneurs » d’un sujet au journal de 20h de TF1. Dont il n’avait pas manqué, bien sûr, de claironner l’annonce sur les réseaux sociaux. Mais le bouquet, c’est sans conteste son tweet d’octobre 2020 où il faisait part à ses « followers » des ses plus hautes ambitions. En bon français, s’il vous plaît : « Un jour, écrivait-il, je serai ministre de l’aménagement du territoire sous la présidence de Jean-Luc Mélenchon. Vous savez ce qu’ils vous restent à faire en 2022. ». Oui, on sait déjà ce qu’il nous reste à faire aux régionales de 2021.
Pour lire les précédentes Brèves du Satirique
https://www.lantivol.com/2020/12/les-breves-du-satirique-decembre-2020.html
https://www.lantivol.com/2021/02/les-breves-du-satirique-fevrier-2021.html
https://www.lantivol.com/2021/04/les-breves-du-satirique-avril-2021.html
https://www.lantivol.com/2021/05/les-breves-du-satirique-mai-2021.html