Publication de L’Antivol-papier n° 18, avril-juin 2025

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Pourquoi nous refusons « Mon espace santé » et les autres formes d’identité numérique
Par le groupe Écran total Occitanie
Il y a peu, nous avons reçu ce texte où sont synthétisées toutes les raisons, sanitaires ou extra-sanitaires, pour lesquelles il faut refuser l’Espace numérique de santé. On trouvera à la suite les modalités pratiques pour empêcher la création de cet espace ou obtenir sa fermeture.
Citoyennes et assurés sociaux : ces derniers mois, vous avez été avertis (…ou pas) par un courrier de l’Assurance-maladie, de la création de votre « Espace numérique de santé ». Kesako ? C’est un espace numérique personnel destiné à centraliser toutes les données sur votre situation médicale, jusqu’ici disséminées entre des dossiers de papier, des logiciels informatiques, des bases de données internes aux administrations numériques, des applications de téléphonie mobile…
L’Espace numérique de santé contiendra tous vos documents de santé : ordonnances, certificats, résultats d’analyses, dossiers d’hospitalisation, historiques de remboursements. Il y aura aussi vos dernières mesures médicales (tension, glycémie, etc.) et un carnet de vaccination. Puis, il sera possible d’y connecter des « applications de santé ». Cet espace sera alimenté à la fois par l’assuré et par son médecin, le laboratoire, l’hôpital, les pharmaciens, les employés de la Sécu, etc.
Derrière un air de simplification, c’est un pas supplémentaire dans la collecte d’informations sur nos vies privées et dans la numérisation de nos existences. Demain, ces millions de données transiteront d’une plateforme à l’autre, mais avec quelles garanties pour le secret médical ? Et en cas de panne ou de bug informatique, qu’en sera-t-il ? Comme nous le constatons chaque jour, les machines sont faillibles et piratables ; et une entreprise associée à « Mon Espace santé », Dedalus, s’est déjà trouvée impliquée dans une vaste fuite de données médicales touchant 500 000 personnes.
Précisément, le volet numérique du « Ségur de la santé » représente une manne de 2 milliards d’euros d’argent public destiné à ce type d’entreprises. Alors que les services d’urgences ferment les uns après les autres, le gouvernement finance massivement des sociétés informatiques pour déployer l’Espace numérique de santé. Au moment où l’hôpital public est à terre, la solution proposée pour lutter contre les déserts médicaux est la télémédecine, les consultations à distances par Internet. Jusqu’où allons-nous les laisser se moquer de nous ?
Plus largement, l’Espace numérique de santé s’inscrit dans l’avancée de l’identité électronique. Dans la foulée des Pass sanitaire et vaccinal, la Commission européenne prépare un « Portefeuille d’identité électronique » permettant de s’identifier avec son smartphone pour accéder à un service public ou privé (entrer sur le site de Pôle emploi ou en boîte de nuit), de payer (ses impôts ou une location de vélo) et de signer à distance. Parallèlement, au lendemain de la réélection de Macron, le gouvernement français a créé les conditions légales et techniques pour que chacun puisse télécharger la nouvelle carte d’identité sur son smartphone.
Toute cette évolution porte avec elle la suppression des libertés civiles conquises par les peuples européens au XIXe siècle. Accepter les facilités qu’on nous offre par les technologies de pointe, c’est renoncer à toute possibilité d’anonymat vis-à-vis de l’État et des entreprises ; c’est renoncer aux interactions physiques qui font la texture d’une société vivante. Contre ce monde sans contact, nous défendons le droit et le goût de s’organiser collectivement en vrai ; les services publics avec des guichets et des employés accessibles ; la médecine et l’éducation avec des gens qualifiés qui favorisent l’autonomie des patients et des enfants ; l’agriculture avec des petites machines et des humains dans les champs…
Le groupe Écran total Occitanie, 6 octobre 2022
Soyons vigilants ensemble (!) : si l’Assurance maladie vous a envoyé un courrier (papier ou électronique) vous informant de l’ouverture prochaine de votre « Espace numérique de santé », vous avez six semaines à compter de l’envoi du courrier pour refuser. Si vous vous rendez compte que votre « Espace santé » a déjà été ouvert, vous pouvez de la même façon obtenir sa fermeture.
La procédure à suivre est aussi simple que toutes les procédures de l’administration française, européenne ou mondiale. Nous la copions ci-dessous à partir des « conditions générales d’utilisation » du site Internet monespacesante.fr
« Pour exercer son droit d’opposition, l’Usager dispose de deux moyens :
3.3.a Exercer son droit d’opposition via monespacesante.fr
3.3.b Exercer son droit d’opposition via le support téléphonique
L’Usager a également la possibilité de s’opposer à la création de « Mon espace santé » en contactant le support téléphonique.
Pour aller plus loin, lire :
https://www.lantivol.com/2021/05/vers-une-societe-machine-tendance.html